Gérard Renault, un plasticien Samarien

Gérard Renault est ce jeune et dynamique Directeur de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts d’Amiens.

Sans doute le plus jeune directeur d’écoles d’Art en France lorsque lui fut confiée, en décembre 1972, la responsabilité de l’établissement amiénois. Mais il est aussi un artiste à part entière puisqu’il est à la fois un architecte, un sculpteur et un peintre, trois spécialités qui, pour lui, ne font qu’une. Autrement dit, il est un véritable plasticien, un créateur au sens propre du terme. Il estime que les cloisons entre les différentes disciplines artistiques n’existent pas, comme n’existe pas la distinction entre le travail de l’esprit et la besogne de la main.

Gérard Renault artiste à la fois architecte, sculpteur et peintre.

Bien que sa création soit tournée vers l’avenir, Gérard Renault reprend donc une tradition en pratiquant chacun des trois arts dits majeurs.

gérard renaut exposition avec goetz à saint quentin

Gérard Renault architecte et sculpteur

Architecte, Gérard Renault l’est par la formation qu’il reçut à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris, formation qui fut couronnée par le diplôme supérieur d’architecture qu’il devait obtenir avec un sujet qui lui reste cher : « La création de la forme ». Parallèlement à ses études d’architecture proprement dites, Gérard Renault apprenait la sculpture dans l’atelier de ce maître contemporain que fut Henri-Georges Adam (1904-1967) avec qui il se lia d’amitié et dont il réalisa, par la suite, quelques œuvres posthumes.

Dès lors, à la sculpture « de salon» qu’il n’aborda jamais, Gérard Renault préféra la sculpture exécutée dans de grandes dimensions. Par ailleurs, il devait très vite quitter le domaine de la statuaire conçue en tant qu’objet pour cristalliser ses recherches sur la notion plus générale d’ESPACE. Autrement dit, pour Gérard Renault, l’œuvre sculptée doit s’harmoniser le plus parfaitement possible avec l’espace qui l’entoure; elle doit s’intégrer à cet espace; elle doit être conçue comme partie intégrante d’un environnement. Il élabora ainsi quelques œuvres puis s’orienta vers une idée plus vaste : rendre perceptible le vide que constitue l’espace. C’est bien là que se situe l’essentiel de sa réflexion artistique qu’il fonde sur les notions d’espace et d’environnement. Cette réflexion le conduit très loin puisque, pour atteindre le but recherché c’est à dire vouloir ponctuer et modeler l’espace, Gérard Renault en arrive à condamner l’œuvre sculptée en tant que telle qui, par définition. constitue un volume de masse placé dans un espace et de ce fait obstrue et rompt cet espace. Par conséquent, il faut détruire le volume et par là même détruire la forme pour ne plus jouer exclusivement qu’avec une ponctuation disposée dans l’espace de façon telle qu’elle rende cet espace perceptible et mesurable de diverses manières, ce qui se produit avec la sculpture récemment conçue par l’artiste et destinée à l’exposition de l’E P A D à Paris.

gérard renault sculpture métal

Toutes les sculptures que Gérard Renault a réalisées (et qui, au stade actuel de sa recherche, ne peuvent plus, à la limite, être appelées sculptures) sont le reflet de cette démarche très ambitieuse.

La Cité Administrative d’Amiens

Ainsi l’harmonieuse fontaine, en métal inoxydable, de la Cité Administrative d’Amiens, est-elle sans conteste un bel exemple d’intégration de l’objet sculpté dans un cadre urbain. Si, de prime abord, elle possède encore une forme, celle-ci tend néanmoins à disparaître par le jeu de l’acier poli faisant miroir et reflétant l’espace environnant. La sculpture monumentale du C.ES. Vallée Saint-Ladre, à Amiens, va plus loin dans cette voie car elle a été conçue uniquement en fonction d’un espace défini et n’a jamais été tributaire du cadre architectural dans lequel elle serait placée.

La sculpture destinée à l’Exposition de l’EPAD (dont nous avons déjà parlé) est assurément la dernière création de Gérard Renault qui illustre le plus concrètement qui soit toute cette recherche basée sur les notions fondamentales de contenant et de contenu. Or, l’espace étant insaisissable, sa création tend à devenir elle- même insaisissable étant donné qu’elle n’a plus de forme identifiable, qu’elle ne constitue plus un volume. C’est là le but profond et véritable que poursuit Gérard Renault. Il désire utiliser l’espace, le « matérialiser » sans avoir recours à l’architecture ni à la statuaire qui sont des volumes par excellence. La sculpture destinée à l’exposition de lEPAD est elle-même un environnement. Elle permet de visualiser l’espace dans lequel elle se trouve sans le gêner puisqu’à travers les enroulements de ces tuyaux qui la constituent, notre regard peut toujours la traverser. Certes, le spectateur ne pourra pas fixer avec précision dans son esprit l’image de l’œuvre qu’il cura vue, ce qui reste la meilleure preuve de l’insaisissabilité.

gérard renault sculpture
Au centre administratif à Amiens.

D’une manière plus générale et parallèlement à cette recherche, le désir de Gérard Renault demeure celui d’offrir aux lieux que nous habitons non plus un décor surajouté, artificiel, mais une beauté environnante qui retrouverait la même dimension éternelle que les montagnes ou que les forêts. Quel merveilleux idéal ! Il souhaite ainsi sincèrement participer, par sa recherche personnelle, à l’amélioration de l’environnement humain.

Au Musée Antoine Lécuyer de Saint-Quentin

Au Musée Antoine Lécuyer de Saint-Quentin, il nous était matériellement impossible d’accueillir Gérard Renault en tant qu’architecte et sculpteur. C’est donc un aspect seulement de sa création que nous présentons aux visiteurs, celui qui est illustré pour ses œuvres peintes.

Loin de nous fut l’idée de concevoir la présentation de ces œuvres comme une rétrospective de ce que Gérard Renault a réalisé jusqu’alors. Nous avons préféré, à travers un choix le plus judicieux possible des tableaux, aider le visiteur à comprendre la démarche créative d’un peintre et lui faire prendre conscience des recherches profondes qui animent cet artiste, picard d’origine, dont la réputation s’étend maintenant à l’échelle nationale.

Gérard Renault et la sculpture monumentale

Gérard Renault me confia un jour que ce qu’il aimait dans la sculpture monumentale, était qu’elle n’appartient à personne et qu’elle est pourtant à tout le monde. Si, par le fait de mettre l’Art sur la place publique, il éprouve réellement cette satisfaction, en contrepartie, il exprime volontiers le regret qu’il n’en soit pas même pour la peinture qui devient, le plus souvent, l’apanage des collectionneurs privés. Qu’il nous soit alors permis d’exprimer un souhait, celui que les œuvres de Gérard Renault exposées au Musée Antoine Lécuyer, deviennent, pour quelques semaines, un peu la propriété de tous ceux qui voudront bien les contempler.

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