Histoire d’ABBEVILLE

Abbeville en Picardie

Abbeville, situé à 22 m d’altitude, près de la mer, puisque son port reçoit des bâtiments de 150 à 200 tonneaux, est à 20 km de la Manche, est relié à celle-ci par un canal maritime jusqu’à Saint Valéry dans la baie de Somme.
Bâtie dans la vallée de la Somme, est traversé par elle, à 45 km d’Amiens et à 157 km de Paris par la route. Elle est un lieu de passage important pour les estivants partant sur les plages du Nord et pour les touristes anglais venant visiter la France.
22 000 habitants en 1963 c’est le chef-lieu d’un arrondissement de 2 cantons., 173 communes comptant au total 126 000 habitants.
Si l’on regarde la carte de l’arrondissement d’Abbeville, on s’aperçoit que cette ville est merveilleusement desservi par un réseau de route en étoile à 7 branches.
Dominée par son ancienne collégiale Saint Vulfran de style gothique flamboyant des XVème et XVIème siècles, Abbeville, aujourd’hui sous préfecture, c’est l’ancienne capitale du Ponthieu, à l’ouest de la Picardie.

Le Ponthieu

La région de la basse Picardie située de la Bresle à la Canche, de la Manche à la vallée de la Nièvre et qui correspond actuellement à l’arrondissement d‘Abbeville, a été désignée du VI ème au XIII ème siècle sous les noms latins de pagus Pontivus (Acta SE Ord.S. Bened Venetiis 1733) Pontium, Ponticum, provincia Pontiva et sous les noms romains de Pontiu et Pontif. C’est le Comté de Ponthieu, le plus ancien fief héréditaire du royaume des Francs.

Sur la carte générale en tête du premier volume de l’Annaliste MALBRANCQ, Abbeville est désigné par ce signe : Castellum cum vico. La rivière « La Somme » sur cette même carte est nommée PHRUDIS

Depuis la conquête Romaine jusqu’à l’invasion des Francs , le Ponthieu resteras sous la domination des Empereurs dont plusieurs résidèrent près d’Abbeville . On trouve d’ailleurs autour d’Abbeville , de St Valéry d’un côté, sur les monts Caubert à l’Ouest, et Liercourt au Sud , de vastes camps retranchés , destinés sans doute à défendre les rives de la Somme contre les attaques des envahisseurs du Nord.

Les barbares, dès les premières décades du V ème Siècle ne tardèrent pas à arriver jusqu’à la Somme

Vers 437 Clodion étendit ses conquêtes jusqu’au Ponthieu et établit le siège de son Empire à Amiens ; sous le règne de son successeur Mérovée, ATTILA ravagea toute la région. Puis se succédèrent plusieurs Chefs barbares qui furent bientôt destitués par Clovis, roi des FRANCS. À sa mort, CLOTAIRE son fils, investit Alcaire du gouvernement des côtes maritimes. Celui-ci s’intitula Dux Franciae maritimae seu Ponticae et fixa le siège de son gouvernement à Centule, aujourd’hui appelée SAINT RIQUIER, Ce bref aperçu sur l’histoire du Ponthieu nous permettra de situer plue exactement la naissance d’ABBEVILLE .

À la fin du VI ème siècle naissait à Centule un homme appelé Riquier. Il fut prêtre et moine , partit en Angleterre puis revint dans le Ponthieu et fonda un monastère au lieu même où il était né. Il mourut en 645. Au VIIème siècle le nom de cet homme qui avait conquis le pays au Christianisme remplaça le nom de la conquête Romaine. Centule s’appela SAINT RIQUIER .

Angilbert , conseiller de Charlemagne fonda à St Riquier une école monastique où les enfants des nobles de l’époque recevaient leur première éducation . En décadence rapide elle fut ensuite rétablie au Xème siècle : Charlemagne ayant mis à sa disposition le Trésor de l’état. Angilbert fit également construire une immense abbaye avec cloître. Trois grandes et trois petites églises dont demeures de riches vestiges.

Abbeville hier, son passé

Le premier document où le nom d’Abbeville se trouve cité est la chronique de Saint Riquier (par Hariulfe) qui la met au nombre des domaines que possédait ce monastère en 863.

Son nom latin ABBATIS-VILLA (ville de l’abbé) prouve aussi qu’elle est une ville du moyen-age. Il est difficile de remonter plus avant pour avoir des documents sérieux nous apportant quelques détails. On suppose qu’à l’exemple des romains, le chef militaire et abbé de Saint Riquier aurait fait construire à l’emplacement d’Abbeville un domaine : ABBATIS-VILLA.

Lorsque les pirates Scandinaves se mirent à ravager nos côtes, le roi Hugues Capet doubla la forteresse de Montreuil qui barrait déjà la Canche, en élevant sur ce domaine, à la bouche de la Somme, là où s’arrête le flot, un Château fort, dont son gendre reçu le commandement héréditaire, le pays voisin lui fut soumis.

Ainsi est née il y a plus de mille ans « ABBEVILLE  » capitale du Ponthieu .

Nous abandonnerons l’histoire militaire de la cité pour n’en voir que l’aspect économique et social.

La capitale du Ponthieu

Une rivière d’une navigation facile, la Somme, le voisinage d’Arras, d’Amiens dont le commerce était florissant dès les premiers temps de la domination romaine, des voies de communication qui liaient le pays avec le sud de la Gaule, ont dû favoriser très tôt le mouvement commercial du Ponthieu.

En 1199 Philippe Auguste accorde aux marchands d’Abbeville la liberté de naviguer sur la Somme .

En 1377 Charles V ordonne aux officiers municipaux de la Rochelle de ne percevoir aucun droit sur les vins que les commerçants d’Abbeville font venir dans le comté de Ponthieu .

Les étrangers venant trafiquer ou résider à Abbeville avaient des privilèges particuliers . Il est souvent question d’espagnols, de Portugais. Au XV ème siècle les Hollandais sont même si nombreux dans le pays, qu’ils font redresser à leurs frais le cours de la Somme.

Au XlII ème et XIV ème siècle le commerce d’exportation s’étend en Hollande, en Angleterre et en Suède, et même au Portugal et en Espagne .

La draperie formait alors la branche la plus importante de l’industrie et la fabrication des étoffes était l’objet de la surveillance la plus active des magistrats municipaux comme en témoignant de nombreuses ordonnances :

 » Toute pièce défectueuse sera brûlée au son des cloches « 

 » Que les draps pour les Espagnols soient bons et loyales » dit un réglement du XIV ème siècle

Par la Somme, le commerce avec l’intérieur de la France est aussi considérable : draps et cuirs, métaux et armures, bois de construction, vins du midi, toiles, épiceries, graines et fruits secs sont échangés.

Les nombreux arrivages de poissons sur le port prouvent une main d’oeuvre maritime également considérable. Un édit de 1451 de Charles VII règle d’ailleurs l’achat de poissons de mer sur la marché d’Abbeville pour l’approvisionnement de la ville de Paris.

A cette même période Abbeville exporte le blé, les fromages du Marquenterre, la tourbe qui est extraite dans ses marais et l’ail, produit de ses jardins marécageux.

En 1378, une banque s’installe à Abbeville. C’est Mache et Guaret qui, patentés par le roi, y organisent le change.

C’est à la fin du XV ème siècle que le commerce maritime prend un nouvel essor. On construit des bâtiments de 70 à 100 tonneaux sur les chantiers, plus robustes et moins chers que ceux des ports voisins. Deux cents charpentiers de navires exécutent ce travail. Cent maîtres capitaines font le cabotage, les uns dans le Nord, les autres sur les côtes d’Espagne .

En 1596, une fabrique d’armes se développe et peut fournir  » d’un seul marché » à Henri IV, 2000 arquebuses, 500 mousquets et 1000 piques de guerre .

A cette époque la population industrielle est considérable et tout à fait hors de proportion avec notre population moderne. D’après Sanson et le père Ignace, la population s’élève en 1636, à 40 000 habitants, Vauban signale dans un de ses mémoires en 1689, qu’il y avait environ 6.000 feux et 5000 hommes portant les armes.

En I698 le commerce et l’industrie sont très florissants . On compte à Abbeville :

-20 Négociants de premier ordre.

-et 100 de second ordre

1.400 pièces ce bouracans ( étoffe grossière de laine ) rapportaient 84 .000 livres ,et autant de toile 300.000 livres … Disproportionné à côté de ces chiffres, le salaire d’un ouvrier se monte de dix à quinze sous par jour !

On fabriquait encore des serges, des étamines, des droguets et diverses autres étoffes tissées avec perfection dans la villa et les environs.

Le Centre de la Ville était encore le siège d’une activité artisanale très diverse. Répartis par quartiers,les métiers ont laissé leurs noms à nos rues du XX ème siècle. Teintureries et tanneries établies le long des cours d’eau qui sillonnent la ville et dont les étoffes bleues et écarlates sont restées célèbres. Paris, Beauvais, Amiens y envoient teindre leurs étoffes.

Ateliers de clouterie et de serrurerie.

Chaudronneries expédiant leurs produits à Meaux, Versailles et Paris.

Brasserie célèbre dont la bière égalait celle d’Angleterre.

La ville servait à cette époque d’entrepôt de blés récoltés en basse Picardie et dans une partie de l’Artois.

VAN ROBAIS

En 1665 arrive à Abbeville, accompagné de 50 ouvriers hollandais, JOSSE VAN ROBAIS manufacturier de Middlebourg. Il y établit une fabrique de draps fins qui devient célèbre dans le monde entier. Avec les privilèges que lui accorde Colbert il fonde la manufacture royale appeler également manufacture des rames.

Louis XIV lui accorde 12 000 livres pour le transport de ses meubles et métiers, lui avance des sommes considérables pour son industrie, interdit l’imitation de ses draps, lui signe des lettres de naturalisation et lui permet d’exercer son culte.
On sait quelle perfection Josse Van Robais parvint à donner aux draps fins une renommée dans le monde entier. Les nombreux ateliers disséminés dans la ville occupe bientôt plus de 100 métiers battant et 1200 ouvriers. Il furent regroupés en 1708 dans les bâtiments des rames (actuellement chaussée d’Hoquet).

L’effectif devient bientôt considérable surtout en 1720 ; Puis régresse peu à peu.
Mais cette grosse industrie va bientôt amener la décadence des autres activités ; presque toutes les industries qui emploient la laine et le coton suspendent leurs travaux. Depuis Van Robais on ne leur permet plus de filer au Grand rouet, moyen d’exécution plus rapide. Cette interdiction les Ruina complètement.
Les ouvriers qu’elles occupent abandonnent la ville en si grand nombre, qu’en 1727 on évalue plus la population qu’à 17 982 personnes.
L’atteinte portée à la prospérité publique est tellement évidente qu’elle éveille l’attention des échevins et officiers municipaux, et en 1767 il s’oppose énergiquement au renouvellement des privilèges que réclame encore les successeurs de Van Robais.
Le rôle abusif de cette manufacture créa donc à Abbeville une source de misère et lui fit plus de mal que de bien. Van Robais fini par être concurrencé par d’autres fabricants. Sa toile d’excellente qualité devint trop cher.

La manufacture réduisit sa production en gardant le même nombre d’ouvriers, au chômage la plupart du temps. Par des contrats anti sociaux et déloyaux, elle leur interdit de travailler ailleurs. Ces ouvriers très mal payés, exploités au maximum sont dans un état d’extrême misère.
Un autre hollandais, dont on a beaucoup moins parlé, Philippe Leclerc, s’était également installé à Abbeville en 1667, et dirigeait une industrie nouvelle : la fabrication de moquette.

Le commerce au XVIIIe siècle


Comme on le voit, abbeville subit un sérieux préjudice du fait de l’installation de la manufacture royale. Malgré cela son commerce est encore prospère, mais il n’en va pas de la même manière pour les ouvriers qui vivent lamentablement.
Abbeville exporte au XVIIIe siècle : draps fins à l’Espagne, au Portugal, à l’Italie, la Russie, les États-Unis et même l’Angleterre ; bouracans, serges de Rome, serges de Minnorque, turquoises, serges drapées et peluches ordinaires à ce même pays ainsi que en Allemagne. Moqueettes, en Afrique, qui servait d’échange pour la traite ! Verre à vitre, et bouteilles à la Hollande, la Suède et l’Angleterre.
En 1766, 279 navires (français et étrangers) sont entrés dans le port d’Abbeville ; 263 en sont sortis. L’année suivante il y en eu 334 ; cette année là Abbeville expédia sur Lyon, Bordeaux et pour la grande foire de Beaucaire. En 1767, le port possède à lui seul, 55 navires. Un arrêté du conseil d’État du roi le désigne comme l’un des deux ports chargés de recevoir les tissus provenant de l’étranger. Un inspecteur du roi contrôlent les manufacture étrangère.
Son commerce d’importation consiste alors en laine, bois, poudre pour teinture, en huile de toutes espèces, cuir d’Espagne et du Portugal, en épicerie, eau-de-vie et vin, enfer de Suède, goudron, potasse du Nord, en coton d’Angleterre.
Le port de la ville possède également 62 petits bateaux et 8 diligences d’eau appelées « picotins » occupant prêt de 200 familles et fournissant au roi 400 Matelots.
En 1789, l’industrie la plus prospère et celle de la corderie. Installée en ville et dans les faubourgs, cette activité emploie journellement 600 ouvriers et fabrique des câbles, des fils à voiles, des fils de carets, et à sennes, des lignes de pêche, lignes de sondes, pour l’Amérique.
Mais depuis 1765, date à laquelle on autorisa l’exportation de blé, le prix des denrées fut en augmentation constante. Le pouvoir d’achat des ouvriers Abbevillois s’amenuisait de jour en jour. Travaillant sans relâche, il pouvait à peine se procurer le pain devenu leur unique aliment. Ils étaient mal chauffés, à demi-nus et ne possédaient plus chez eux la moindre réserve en cas de maladie ou de chômage.
Misère amenée par le renchérissement des denrées, misère amené par la manufacture royale, c’est dans cette état lamentable que le peuple d’Abbeville aborde le XIXe siècle.
Avant d’aborder le XIXe siècle, et puisque nous n’avons vu jusqu’alors que l’évolution économique des activités Abbevilloise, nous regarderons rapidement son accroissement graphique depuis la construction du point de défense contre les envahisseurs. Ce point, situé entre les deux bras de la somme, formait une petite île protégée de l’ennemi par des inondations que provoquaient les marées.
Il semble donc, que dès l’apparition des envahisseurs, les habitants du pays ce soit réfugiés derrière cette protection naturelle et l’aient renforcer de palissades. La bourgade se développa, puis accrue sa population avec les invasions normandes.
Les habitants de Centule (Saint-Riquier), ville importante pour l’époque, la désertèrent pour se réfugier derrière les remparts de l’île fortifiée.
Ce n’est qu’après la prise de commandement, de cette forteresse, par le gendre d’Hugues Capet, qu’Abbeville dut sortir de son île.
Dès le XIe siècle, la ville s’étend largement, hors des bras de la somme. Elle est protégée par un mur d’enceinte qui passe par la porte au sel, et la porte comtesse et jusqu’au Cauchie du castel, actuel rue Saint Vulfran.

Avec l’affranchissement de la commune en 1184, on édifia une nouvelle enceinte garnie de tour et protégée de fossé remplis d’eau. Elle entourait alors le bourg du vimeu, au-delà du Pont de Talence. Le bonjour de Saint-Gilles,Au-delà de la porte au sel,Puis par-delàLa porte comtesse:Les bourg saint Éloi et Marcadé.

En 1236, Elle est étendue jusqu’à la porte du bois.
En 1477, elle est encore modifié et s’étend alors à l’ouest, du pont des près jusqu’à la porte Hocquet, au nord-est de la porte Marcadé, à la porte du bois, et à l’est jusqu’à la porte Saint Gilles.

Les fortifications sont alors consolider une seront plus jamais déplacer. En 350 ans, Abbeville fut agrandi trois fois.

Nous avons vu, dès le départ, Abbeville avait eu une activité commerciale importante et qu’en 1119, Philippe-Auguste avait accordé des privilèges aux marchands.
Les marchands ambulant vendent d’abord aux murs de la ville, le commerce prenant plus d’importance, il se fixe sur place. C’est le début des bourgs. Il faut donc construire une enceinte pour le protéger. Cela explique les trois enceintes successives et l’expansion rapide de la ville.

Pourquoi la dernière enceinte fortifiée en est-elle restée là ?

Pourquoi la population de plus en plus nombreuses (40 000 habitants en 1636), s’est elle entassée entre les derniers murs d’enceinte occupant tous les espaces vides ?

Ceci s’explique plus difficilement.

Il se peut qu’entre 1500 et 1700, les Abbevillois aient prévu un quatrième éclatement, expansion qui n’a pas eu sa raison d’être après l’expérience Van Robais et ses conséquences, mais en 1723, il ne reste que 17 982 habitants.

Il se peut que les habitants aient eu peur de s’installer sur les marécages environnants, Quoi que déjà à cette période des petits îlot existaient à l’extérieur des murs.

Le ralentissement du trafic maritime et certainement aussi responsable de cette décadence.

La baie de somme s’ensable et gêne la circulation des navires. Cet ensablement s’accentue d’années en années et prend des proportions inquiétantes. En quelques siècles l’activité maritime qui avait fait naître de nombreuses manufactures, Végète.

Le port de la ville tombe dans l’oubli.

L’entassement des habitants et la promiscuité, vont d’ailleurs avoir de graves conséquences, en favorisant les épidémies aux terribles ravage.

La peste tua 8000 Abbevillois en 1596 et 4000 habitants en 1599.

Le XIXème siècle

Nous avons vu que c’est dans un état très précaire qu’à ma ville aborde le XIXe siècle.
Régression de sa population, misère des ouvriers, et décadence de son industrie.
En 1800 la population est légèrement supérieur à 18 000 habitants.

Elle sera de :

-18 326 habitants en 1821

-19 166 habitants en 1826

-18 174 habitants en 1851

-17 883 habitants en 1896

L’examen de ces chiffres nous révèle une stagnation évidente.
La petite industrie végète, avec des périodes de chômage.
Malgré cela, au début de ce siècle, les femmes et les jeunes enfants sont employés dans les manufactures.

Regardons, avec quelques dates les industries existantes à Abbeville :
– en 1827 : Une manufacture fabrique des moquettes. Elle est dirigée par l’entrepreneur Pierre Hecquet d’Orval.
-En 1830 : Une verrerie est établie dans l’ancienne chartreuse de Thuyson. Elle occupe à cette période 80 ouvriers. Fait faillite en 1833, elle reprise est reconvertie par la filature de Monsieur Gavelle. Celle-ci fonctionnera jusqu’en 1877.
-En 1842 :La manufacture de tapis des rames tourne encore. Son directeur est Jean Vayson, maire d’Abbeville.

C’est de 1842 un 43qu’à été construit le bâtiment de l’entrepôt sur le port d’Abbeville.

Cette construction redonne une activité à ce quartier .Pendant cette année, 84 navires étrangers et 185 navires de petit cabotage sont entrés dans le port.
En 1845: La rue Crépin fut percé pour employer les ouvriers que le chômage réduisait la misère.
En 1846 : ouverture de la halles aux toiles.
En 1849 : installation de la fabrique de toile damassées, de la compagnie Cohin. Cette industrie devint plus tard le comptoir de l’industrie linière, rue Saint-Gilles. Elle est complètement détruite en mai 1940.
Deux autres usines s’installe vers 1870.La sucrerie et les ateliers de filature ça frère, mais extension reste là.
À cette période, Abbeville possède une garnison.
La présence de nombreux soldats favorisent le commerce et donne l’illusion d’une activité durable. Mais quand les régiments quittent la ville, Abbeville, embourgeoisé, aura des difficultés pour substitués les usines aux casernes.

La majorité de la ville est bourgeoise, mais le reste du peuple vit, dans une extrême pauvreté.
Voici un petit exemple, nous décrivant en 1841, l’état lamentable des habitants de deux grandes maisons, divisée en 24 habitations, de la rue Planquette, aujourd’hui rue Chabaille.

Ce passage est tiré du « mémoire sur la dépopulation d’Abbeville » de messieurs Paillard et Brion.
Ces 24 habitations sont de véritables groupes de sauvagerie. Les célèbres caves de Lille ne pouvait présenter de pires aspects. Les meilleures de ces habitations avaient 2 m de large sur 3 m de longueur, les autres logis ayant 1,50 m de large sur 2 à 2,5 mètre de long.
Dans sept de ses maisons, la cheminée occupait un coin. Dans toutes, elle s’élevait en briques jusqu’à 1,50m, puis se terminait par un tuyau de terre traversant la muraille. Un escalier sans clarté…La mendicité était à peu près l’unique ressource de ces habitants. Quand les habitant de ce pays de misère ne pouvaient payer leur terme, qui était de 60,75 à 90 centimes par semaine, le propriétaire faisait enlever, la cheminée ou la porte, ou l’unique fenêtre…et le locataire emportait sur son dos toute sa fortune mobilière.

Cette reproduction d’un tableau de la misère, nous permet une comparaison avec notre époque, ou malheureusement, il y a toujours des plus pauvres parmi les pauvres.
On voit donc que l’industrie Abbevilloise est en échec au moment où dans le monde, elle prend un essor considérable.
Jusqu’à 1939 les entreprises encore existantes sont donc :
La sucrerie, les filatures Saint-Frères, le Comptoir Linier, la brasserie le Coq Blanc et la société lilloise de robinetterie qui vient de s’édifier. Elles emploient toutes quelques dizaines d’ouvriers.

Aucune autre usine importante ne s’installe.Le reste de l’activité est constitué par le travail artisanal, confection (employant des ouvriers à domicile), serrurerie, travail du marbre, etc. Abbeville possède également une usine à gaz.

Mais l’activité la plus importante et le commerce qui tourneras bien jusqu’à ce que la garnison militaire quittent la ville.

Les Richesses Historiques

1939 : Abbeville est très pauvre en industrie, mais on passe historique est considérable.

Les témoins de se passer son présent, là, dans toute la ville.
Maison moyenâgeuse et vieille rue des XVIe et XVIIe siècles, pleine de charme, tapies au pied de la collégiale, et au nom évocateur: rue de la haranguerie, la poissonnerie, le limaçon, la petite Anne, rue de la boucherie, Barbafust.

Elles étaient bordées de maisons à pans de bois ou figuraient des scènes de légendes, des macarons ou têtes grimaçantes sculptées par les huchiers ( charpentier )de la région et des imagiers ou entailleurs d’image.
Pour autre sculpture s’élancer en encorbellement successif sera approchant vers le haut jusqu’à presque se coucher.
Le vieux hôtel en briques et Pierre possédant des pignons à Redans et fenêtres encastrées se dissimulaient derrière de somptueuses portes cochères.

Les unes, modestes maisons de commerce, dans le rez-de-chaussée était aménagé en boutique, les autres, demeures particulières de bourgeois et de riches commerçants.
Abbeville garde également les demeures les plus anciennes de son histoire.
Les refuges d’abbaye :Celui de l’abbaye du Gard date de 1250 et a abrités en 1486 la première imprimerie picarde. Celui de l’abbaye de Saint Valéry du XVIe siècle et les restes de couvents, tel celui des ursulines 1642, occupé en dernier lieu par le collège de jeunes filles.

Rue de l’Arquet, dans l’hôtel de Chepy, s’élève une demeure historique, Celle de Jacques Boucher de Perthes 1788 – 1868, Précurseur de la science de la Préhistoire, devenu à sa mort le musée boucher de Perthes. Ce musée possède alors des dizaines de milliers de silex sortie de nos carrières, des os et des échantillons de couches qui ont servi de départ, il y a un siècle à la question la plus importante que la science eut à résoudre, celle des origines de l’homme.

Ce musée possède également des connexions ont valeur inestimable : peinture, sculpture, faïence, etc….
Témoin aussi, l’antiuqe Beffroi (sans doute le plus ancienne de France) qui depuis 1209 est le symbole des libertés communales acquises à la ville d’Abbeville par la chartre de 1184 du Comte jean de Ponthieu. Ses quatre cloches sont restés fidèlement « La hideuse », « La porte » « Le Guet » et « la retraite ».
À droite du beffroi, le bâtiment dit de l’Argenterie du XVe siècle, où trésorerie, dans laquelle on gardait les archives municipales. Sur son avancée, un bas-relief en bronze qui rappelle le sacrifice de RINGOIS et sa résistance aux Anglais.

Témoins encore ces églises anciennes : Saint-Gilles (1205 rebattit en 1485) Église du Saint-Sépulcre (II e siècle rénovée au XVe siècle).
Et puis, tout le reste,Tout ce qui serait trop long de citer ici en détail, tout le passé…
Et dominant la ville, bien planté en son centre, un des monuments les plus remarquables du style gothique flamboyant, la collégiale Saint Wulfranc, dont la première pierre supposée le 20 juin 1488 par Jean Postel maire d’abbeville.

Abbeville 1940 démontage du canon

20 MAI 1940

La drôle de guerre durait depuis huit mois; Jusqu’au 10 mai 1940, rien ne s’était passé à Abbeville.
Quelques soldats de l’infanterie, et du génie cantonnaient en ville, une batterie de D.C.A était installée sur les monts Caubert à l’ouest de la ville. Mais tout était très calme.
Les Abbevillois étaient comme un grand nombre de français, inconscient de ce qu’était capable d’accomplir les hordes nazis et leurs chefs criminels.
Un premier bombardement eu lieu le 10 mai 1940 et endommagea le quartier de la sucrerie. Bombe explosive sur le cimetière et la rue au Mulets, bombes incendiaires sur les bâtiments de la sucrerie; de cet endroit, des tonnes de mélasse s’écoule le long des rues.

Abbeville, Saint Vulfran après les bombes

Bilan : 2 morts, les premiers une longue liste qui ne s’arrêta que le 3 septembre 1944, à la libération d’Abbeville.

Les quelques troupes cantonnés, quitte la ville. Seuls, restent quelques officiers et soldats du bureau de la place. Preuves formelles du mensonge et du crime prémédité des assaillants, avide du plaisir de détruire et de répandre la terreur.

20 mai, 5 heures du matin…la D.C.A de Caubert tire sur des avions ennemis, avion de reconnaissance, organisateurs de la destruction.

Abbeville bombardé le 20 mai 1940

Le martyre d’Abbeville va commencer.

À 9h une escadrille de 30 avions s’abat sur la ville, elle y déverse en quelques instants des tonnes de bombes explosives et incendiaires qui allument des foyers d’incendie un peu partout et plus particulièrement au centre.
30 minutes passent, et une même vague de stukas débouchant comme la première, de derrière le coteau du bois de Villers, Mareuil, sèment en piquant, la mort, le feu et la destruction.
Et jusqu’à 9h du soir, les vagues d’oiseaux de mort, vont se succéder, sans interruption, toutes les demi-heures.
L’arrosage par bombes incendiaires est scientifiquement calculé les incendies de ce qui reste encore debout, se propagent de rue en rue.
Les premières bombes tombent sur l’hôtel de ville où le conseil municipal délibère. À midi, les voûtes de la collégiale s’effondrent, le chœur brûle, les cloches sont fondues.
Partout en ville, l’air est irrespirable, le ciel est obscurcit, les immeuble s’écroulent dans un craquement épouvantable, partout des morts, des blessés, on en vit courir retenant leurs entrailles de leurs mains ; Des gens aux vêtements en flammes courraient, éperdus, torches vivantes ; Des petits enfants pleuraient près de leur mère tuée. Les Abbevillois qui ont vu cela, et particulièrement les enfants, ne pourront jamais oublier.
La ville était pleine d’évacuer du Nord et de Belgique, leurs voitures brûlent, les femmes entières périssent carbonisées. Combien y en aura-t-il ? On ne le saura jamais. Il n’a jamais été possible d’établir la liste des mort de cette sauvagerie, des chiffres impressionnants ont été avancé, mais sans contrôle possible.
Les stukas avait lancé sur la cité 4800 bombes de 100 kg. Chiffres éloquents, sans compter très certainement la multitude de petites bombes incendiaires.
Le soir, les troupes allemandes entraient dans les faubourgs d’Abbeville.
Après la guerre, un Abbevillois retrouva, parmi les papiers abandonnés par les nazis, le rapport d’un officier, qu’à bien prouver que les aviateurs avaient reçu l’ordre de détruire les maisons, en voici quelques passages.

Abbeville, bombardé pendant la seconde guerre mondiale.

Jusqu’à quel point l’action des bombes de tous cas allemand tu destructive,On peut s’en rendre compte à l’examen de l’intérieur de la ville…Les restes de murs émergents nus et froid au milieu des ruines et tout ce que l’on aperçoit autour de la cathédrale est détruit.
Et puis encore :
Abbeville est bien la ville de France dont les habitants ont dû payer le plus cher l’aveuglement de leurs gouvernants politiques ; Mais elle est en même temps, une preuve parfaite de la sûreté de but et du travail de mesure de nos bombes stukas, Car nulle part où l’on porte les yeux, on ne trouvera une rue détruite. Les maisons s’écroulant, couvraient de leur masse de décombres la voie et formaient un grand obstacle pour l’ennemi revenant en hâte.
Après le déblaiement des décombres, les rues furent aussitôt carrossables pour nos troupes.
Pour ces hommes, si l’on peut encore les appeler ainsi, la précision, et le travail de mesure, c’était de tuer les femmes et les enfants!
Le 21 mai, Abbeville ne comptait plus que 4000 habitants, mais un grand nombre allait revenir bientôt. Il fallait bien réparer le désastre.

Après les rapatriements la ville comptait, fin 1942 : 16772 habitants. Une quarantaine de rues étaient complètement rasées. 1800 habitations étaient entièrement détruites.

Le reste de la guerre

2 novembre 1942 à septembre 1944, Chaque Abbevillois vivaient à l’heure présente et attendaient avec angoisse l’heure suivante.

Jours et nuits se succédaient les alertes. Le son du canon et des bombes raisonnait sans cesse, de nombreux avions alliés sillonnaient le ciel : Les combats aériens étaient journaliers et se terminaient bien souvent par la chute d’appareils.

Abbeville possédait 2 points stratégique : sa gare de triage, très utilisée par les occupants, et le camps d’aviation du Plessiel, aménagé en point de mire de l’aviation alliée.
Malheureusement la DCA et la chasse allemande puissamment organisées, génaient considérablement les avions amis.
Ceux-ci, voulant démanteler l’appareillage ennemi n’atteignaient pas toujours leur buts. La ville n’a pas quitté le deuil pendant ces années.Tout était désorganisé : travail, écoles, marchés et réunions.
Jusqu’à juillet 1944 Ville suivie près de 300 bombardements, reçoit 2000 bombes dont le cratère mesurait de 8 à 10 mètres de diamètre. 140 personnes y trouvèrent la mort, et le nombre de blessés était très important.
Puis ce fut la libération.
À la fin de la guerre 2400 habitations sont totalement détruites, 20 bâtiments publics. L’hôtel de ville, le musée boucher de Perthes, le collège Jules Ferry, les écoles, les halles, la bourse du travail sont anéantis.
3600 logements sont partiellement détruit ainsi que 35 bâtiments publics.
On séblaie les ruines, on empile les briques calcinées
Citons cette réflexion de Monsieur Clovis Brunel, Directeur de l’école des Chartres :
Dans la ville dévastée où les ruines même s’effacent, nos pas ne trouvent plus les chemins habituels, nos yeux s’égarent à la vue d’aspects nouveaux, où le vent de la plaine surprend, là nous attendions le souffle chaud d’un foyer…
Les Abbevillois habitués à leur routine ne désiraient nullement, au début du siècle, voir des changements importants venir troubler leur cité.
Ils participèrent bien malgré eux, aux bouleversements.
La guerre avait semé la ruine et la désolation.
La libération devait apporter un renouveau.
Les vieux quartiers, les anciennes maisons, vestige du passé, étaient détruits…Il fallait reconstruire une ville moderne est attirante, une cité pratique et agréable.

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